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4 questions sur la conservation des silos
1) Un silo qui gonfle, est-ce normal ?
Silo qui gonfle (source : FIDOCL Conseil élevage)
Les différentes étapes de la conservation d’un ensilage sont productrices de gaz (activité enzymatiques et fermentation bactériennes). C’est essentiellement du gaz carbonique (CO2) qui est produit. Il est donc tout à fait normal d’observer un gonflement du silo.
C’est d’autant plus fréquent d’observer ce phénomène lorsque vous avez recours à des systèmes de couvertures des silos performantes qui laisse peu/pas passer les gaz et que le silo a été couvert de façon parfaitement hermétique (bâche le long des murs repliées ensuite sur le silo…).
Souvent motif d’inquiétude, l’observation du gonflement est finalement plutôt un bon signe et témoigne de l’herméticité de votre silo.
Ce CO2 partira généralement tout seul au bout de quelques jours mais il existe aussi des systèmes de valves qui permettent de chasser le gaz lors de la première semaine de conservation.
Cet épisode de gonflement doit bien évidemment être limité aux jours suivants la récolte. Un phénomène persistant ou un gonflement de la bâche plusieurs semaines après la mise en silo témoigne d’une reprise des fermentations et d’un ensilage non stabilisé.
2) Ensilabilité des fourrages – qu’est-ce que ça veut dire ?
Silo breton de 50 m de long et 25 m de large, avec sol en enrobé.
L’ensilabilité traduit l’aptitude des fourrages à être conservé sous la forme ensilage. L’ensilabilité est fonction de deux points clés :
- La teneur en sucre = combustible de la fermentation lactique
- La teneur en protéine = elle s’oppose à l’acidification (effet tampon)
Un fourrage riche en sucre et pauvre en protéine est donc facilement ensilable (exemple du maïs). A l’inverse un fourrage riche en protéine et pauvre en sucre est dur à conserver sous la forme ensilage.
3) Et les conservateurs dans tout ça ?
Il existe différents types de conservateurs : On distingue principalement les acides, les enzymes et les inoculants bactériens.
– Les acides ont une propriété acidifiante directe, ils peuvent être utilisés en pulvérisation sur le front d’attaque après chaque désilage en cas d’échauffement (acide propionique sur silo de printemps par exemple).
– Les enzymes ont des propriétés différentes, elles permettent de libérer le sucre disponible dans la plante ensilée et ainsi maximiser la quantité de glucides fermentescibles à disposition pour les bactéries lactiques. Ces enzymes sont à préconiser pour les fourrages pauvres en sucre comme la luzerne.
– Enfin, les inoculants bactériens permettent d’apporter des bactéries lactiques homo ou hétéro-fermentaire. Les bactéries lactiques homo-fermentaire permettront d’accroitre la production d’acide lactique et donc d’accélérer la vitesse de baisse du pH lors de la mise en conserve du silo. Les bactéries hétéro-fermentaires produisent différentes types d’acides qui permettront également de maitriser l’échauffement du fourrage lors de la reprise. Leurs actions sont donc complémentaires.
En pratique, les agents d’ensilages combinent généralement bactéries lactiques et enzymes. Leur coût est d’environ 10 €/Tms. L’utilisation de conservateurs sur ensilage de maïs est faiblement répandue en France au vue de la très bonne ensilabilité de la plante (sucre ++ / protéine –). Cependant elle est quasiment systématique dans plusieurs autres pays (États-Unis notamment).
L’investissement dans un conservateur est en revanche plus répandu pour les fourrages riches en protéine : luzerne et ensilage d’herbe précoce par exemple. Dans tous les cas, en cas d’utilisation d’un agent d’ensilage, soyez vigilent sur les conditions d’applications qui sont dans les faits rarement optimales (Préconisation en g/g de fourrage, réglage de l’applicateur en fonction du débit…).
4) A quoi doit-on faire attention lors de la reprise du silo ?
(source : FIDOCL Conseil élevage)
La reprise du fourrage au silo est aussi importante pour la conservation du fourrage. L’objectif, c’est d’éviter au maximum les entrées d’air par le dessus et directement au front d’attaque.
Il faut donc procéder à un recul de la bâche suivi d’un lestage rigoureux et soigner le désilage en évitant d’ébranler le maïs (objectif = désiler par arrachement ou sectionnement => coupe franche).
Il faut avancer au minimum de 15 à 25 cm par jour selon la saison afin d’éviter les risques d’échauffements.
Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à mesurer les températures au front d’attaque, si elle est supérieure de plus de 10°c par rapport à la température extérieure, c’est trop chaud et la conservation est compromise !
Source : AGRANET / Charly Guérin, en collaboration avec
Romain GUEGAN (à gauche) et Stéphane Saillé (à droite) de BCEL Ouest